mercredi 18 mars 2015

Exorcisme

Je commence ce billet sans savoir si je le publierais un jour.

On m'a dit que je devais consulter, moi je préfère exorciser, en écrivant, dans mon journal pour la 20ème fois, et puis en m'adressant à vous. Le but est pas d'apitoyer, c'est purement égoïste et, j'espère, thérapeutique.


Dès cet été, Cyril et moi avons commencé à parler du "deuxième". "Est-ce trop tôt ? Ouais mais comme ça il n'aura pas beaucoup d'écart avec Alice, ouais mais c'est mieux si y'en a, ouais mais non, puis lol, touSSa..." Bref, conversation lambda d'un couple lambda.

Puis sans trop réfléchir, sans réfléchir du tout même, PAF, on met le second en route.
Quelques temps après, je suis enceinte. Ô joie.
On informe uniquement ma maman et mes meilleures amies, il est trop tôt pour crier Oyé oyé j'ai du matos inside !
En une semaine, la joie vire au cauchemar ambulant.

Je me rend compte que, pour le taff, ça va être mort pour moi. En CDD, ils n'auront aucun mal à me remplacer et pour revenir, j'aurais qu'à me flageller le fion en mode carpaccio de cul. C'est pas le moment de les laisser tomber. Et je l'aime ce job, même encore pour quelques temps, j'veux pas que ça s'arrête. Mais mon bébé... ? Ne l'aimerai-je pas évidemment encore plus ? Putain. Tant pis, je trouverai autre chose, ou je resterai un ou deux ans mère au foyer, c'pas grave, puis je me régalerai qui sait ?

Cyril et moi partons à la recherche d'une nouvelle maison, avec une chambre supplémentaire... Huf. Désillusion immédiate. Une chambre en plus signifie environ 300€ de plus que notre budget actuel, dans lequel nous galérons déjà comme deux pauvres français lambda (encore!). Les HLM ? Non, on a déjà donné. Rester dans la maison actuelle et faire dormir les enfants ensemble ? Non plus. "Oh mais t'inquiètes t'auras des aides, puis l'APL, puis si tu déclares pas Cyril.." Non plus.
Nous voilà au pied du mur. Je rage. "Mais putain, 40 millions de cas soc' en France arrivent à s'en sortir, pourquoi pas nous?!" Pt'être parce-qu'on est trop conscients.
Le verdict tombe: on ne doit pas garder ce bébé.

Oui je sais, c'est qu'un têtard, y'a rien de mal là-dedans, on a la chance (pour le moment hein, enculés de politicos de mes deux...) d'avoir droit à l'IVG, puis fallait réfléchir avant, puis... Ta gueule.
Tout s'écroule autour de moi. De mémoire, je ne me souviens pas avoir été si malheureuse. J'ai envie de mourir.
Tout va hyper vite. Je prends rendez-vous chez ma gynécologue :  c'est presque trop tard, il faut opérer. Rendez-vous chez l'anesthésiste, re-gynécologue, réservation de chambre... Je ne crois même pas à ce que je suis en train de faire. J'espère de tout mon coeur que, j'sais pas, un signe, quelqu'un, va venir me tirer de cette affaire pourrie et que je vais repartir peinard avec mon foetus.

Personne n'est venu.
Juste avant l'opération, je supplie dans ma tête. Je pleure depuis 2 semaines non-stop, là je suis carrément au bout du rouleau. Je serre le bras de l'infirmière pour la supplier de me raisonner. Elle me regarde avec compassion, puis plus rien.
En salle de réveil, je sais hélas de suite où je suis. Je demande à un mec: "C'est fini?". Il me répond l'air guilleret "Oui oui, nickel tout s'est bien passé'. Je me déteste.

Ça fait plus d'un mois. J'y pense tous les jours. Était-ce une fille ou un garçon ? On l'aurait appeler comme ça. Il aurait les yeux de son tonton. La voix de sa tatie. Les cheveux de papa. J'essaie d'imaginer le pire pour ne rien regretter "Il aurait été hippie!". Ça ne fonctionne pas... (pour l'asso de protection des hippies, c'était une blague hein... Je n'ai rien contre vous.)

Je suis vraiment navrée pour cet article "Zola", mais ça m'aura fait du bien.
Je crois.

8 commentaires:

  1. pour avoir vécu la même situation, comme je te comprend... il y a deux ans je suis passée par la. Nous nous sommes posés la question longuement gardera? gardera pas? Nous venions tout juste de commencer un nouveau job chacun de notre coté, pas super au top du top coté finance non plus.... finalement nous avons pris la décision de ne pas le garder. Choix difficile a assumer puis avec le temps les questions fille ou garçon? son prénom? ont finies par s'estomper. La vie a repris son cours. On y pense malgré tout.... voila pour ma part mon expérience...

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    1. Merci "Anonyme". La tristesse s'estompera petit à petit oui... Plein de bisous à toi.

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  2. ma Barbie... <3 tu sais déjà ce que j'en "pense", on en a déjà parlé. Ne te juge pas. Cette décision a été prise pour telle ou telle raison, c'est fait. Concentre toi sur ta reconstruction, sur ceux qui sont là, sur moi (si si, tu peux! ^^). Aime toi avec tes choix. Moi je t'aime.

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    1. Je t'aime aussi ma cops, et te suis tellement reconnaissante pour tes mots et ta "présence". 💖

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  3. Je ne sais pas trop quoi dire et puis j'ai rien à dire qui pourrait adoucir ce que tu ressens. Juste que chaque chose se produit pour une raison, donc essaie de te dire que vous avez pris une bonne décision. Plein de bisous baveux, et de courage... <3

    Florcita

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    1. On s'évertue à s'en convaincre.
      Bisous à toi itou !!

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  4. Salut, je viens parfois sur ton blog car je le trouve rigolo et super sympa, je ne m'attendais à lire un tel article.
    J'ai vécu la même situation il y a 6 ans maintenant. J'avais 19 ans, je commençais mes études et ma relation. J'ai laissé traîné car je ne voulais pas entendre qu'il y avait quelques choses dans mon ventre, et j'ai du me faire opérer de justesse. Pendant 15 jours j'étais dans le déni total, comme ci cela paraissait totalement normal. Puis le recul, le choc, je me suis mise à traîner sur internet, et ô combien je le regrette. J'ai cherché des gens qui avait vécu la même situation pour me déculpabiliser, mais je n'ai jamais trouvé, je suis même tombée sur sites anti-ivg qui m'ont profondément marqué. Je crois que chaque histoire est propre à chacun. Je suis tombée dans une sorte de mini dépression, je lisais des forums où des nenettes racontaient qu'elles étaient déprimés même des années après.
    J'ai été mal pendant 3, 4 mois peut être plus peut être moins. Et les commentaires ou les histoires que j'ai pu lire m'ont juste conforter dans cette tristesse. Mais je peux te jurer que la vie reprend son cours normal. Bien sur ça ne s'oublie pas, quand j'entend le mot avortement ou IVG, je ressens comme un pincement dans le ventre et dans le coeur, la culpabilité revient toujours un peu. Mais il ne faut pas regretter. Ce n'était pas le bon moment.
    Je te souhaite énormément de courage, mais tout vas aller mieux, n'en doute pas.

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    1. Merci Anonyme. Je sais ta souffrance, tu sais la mienne. Je ne souhaite ça à personne, même pas à mon pire ennemi...
      Je te poutouille !

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